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Média : L’OTM publie un nouveau rapport sur l’état de la presse au Togo

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Remise du rapport au ministre de la communication
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A l’occasion de la célébration ce mardi 03 mai 2022 de la journée mondiale de la liberté de presse, l’Observatoire Togolais des Médias (OTM) a rendu public un nouveau rapport sur l’état de la presse au Togo sur les douze derniers mois.

Le document fait l’état des lieux de la presse togolaise, les avancé par rapport aux textes en lien avec l’exercice de la profession, l’état des lieux des différentes plaintes déposées contre des journaux aussi bien au niveau de l’OTM, devant la HAAC et devant la justice togolaise et formule des recommandations.

Sur le plan économique, les choses ne sont pas rose pour la presse togolaise en raison surtout de la crise sanitaire et sur ce volet, il a été évoqué le sujet relatif à l’aide de l’Etat à la presse à savoir comment la presse pourra aller à des regroupements afin de pouvoir optimiser beaucoup plus les avantages offerts par l’Etat.

Selon le président de l’Observatoire, il s’agit d’un rapport qui permet de dire que de façon globale, le Togo est sur une bonne voie en ce qui concerne la liberté de presse même s’il y a quelques éléments qui viennent un peu assombrir le tableau.

« (…) par rapport au rapport de l’an dernier, des choses ont avancé. Aujourd’hui nous avons presque sous la main la convention collective et beaucoup d’éléments qui ont également avancé au niveau des organisations de presse, et l’Observatoire Togolais des Médias qui a réussi à avoir une visibilité avec de nouveaux rôles qu’on a pu lui confier dans le processus de désignation des membres de la HAAC », a-t-il ajouté.

« On espère que dans les années à venir nous allons célébrer une journée internationale de la presse où on ne parlera plus de dérapage et de sanctions », a ajouté Fabrice Pétchézi.

Il faut souligner que la cérémonie de publication du rapport s’est déroulée en présence du ministre de la communication et des médias Prof Akodah Ayéwouadan, du ministre des droits de l’Homme Christian Trimua, du représentant de la HAAC Pierre Sabi Kasséré, de la Directrice du Centre d’Information des Nations Unies au Togo Mme Nadia Zibilila et des responsables des organisations professionnelles de presse qui ont chacun reçu une copie du rapport.

Voici l’intégralité du rapport de l’OTM :

INTRODUCTION

La journée du 03 mai célébrée depuis 1993, rappelle aux gouvernants la nécessité de respecter leur engagement en faveur de la liberté de la presse et constitue aussi une opportunité pour les professionnels des médias de réfléchir sur les questions relatives à la liberté de la presse et à l’éthique professionnelle. Commémorée en hommage aux confrères qui ont perdu la vie dans l’exercice de la profession, cette journée permet également aux journalistes, techniciens de la communication, auxiliaires de presse et responsables des médias de faire le bilan des douze derniers mois de l’exercice en termes d’avancées ou de recul. Occasion de passer en revue les dérapages observés dans les publications et diffusions, les atteintes à la liberté de presse, les rapports entretenus entre professionnels des médias et avec les autres acteurs de la vie nationale.

Comme le veut la tradition, c’est l’instance d’autorégulation, le Tribunal des Pairs qui se charge de cette mission de bilan collectif. L’Observatoire Togolais des Médias (OTM) formule pour la circonstance, des recommandations qui permettent à chaque acteur de faire son autocritique en vue d’améliorer l’exercice et le respect de la liberté de la presse.

La Journée mondiale de la liberté de la presse 2022 devrait donc mettre en évidence trois impératifs, notamment :

  • Assurer la viabilité économique des médias d’information ;
  • Garantir la transparence des sociétés Internet ;
  • Et renforcer les capacités en matière d’éducation aux médias et à l’information.

Ceci permettra au public de reconnaître et de valoriser, ainsi que de défendre et d’exiger, le journalisme en tant qu’élément essentiel de l’information comme bien public.

Placée sous le thème : « Le Journalisme sous l’emprise du numérique », la journée du 03 mai 2022 attire l’attention sur le rôle essentiel que jouent les journalistes libres et professionnels dans la production et la diffusion des informations. Il s’agit, en effet, de lutter plus efficacement contre les fausses informations et autres contenus préjudiciables.

Dans l’index 2021 de RSF qui prend en compte la vie des médias, le Togo a reculé de trois rangs, en passant de la 71e place (en 2020) à la 74è en 2021 et de 26 rangs pour passer à la 100è place en 2022.

Avec plus de deux cent publications, près d’une centaine de stations radio et de télévisions sans compter les nouveaux médias (Web radios et Web TV autorisées au 31 décembre 2021), l’espace médiatique togolais est bien fourni.

  • L’EXISTANT

1-Médias audiovisuels

Le monde audiovisuel togolais demeure foisonnant, nonobstant les difficultés financières qu’éprouvent la plupart des directions dans la gestion de leur société de presse. Ainsi, 94 stations radios et 10 chaînes de télévision se partagent les fréquences sur l’ensemble du territoire national.

Dans les détails, le Togo compte 06 radios d’Etat, notamment Radio Lomé et Radio Kara qui couvrent toute l’étendue du territoire et 04 radios rurales émettant à Notsè, Pagouda, Dapaong et Kévé. Quant aux radios privées commerciales, le pays en dispose 47 en plus de 23 radios communautaires et 24 radios confessionnelles. Pour ce qui est des 10 chaînes de télévision, outre la TVT, 07 télévisons commerciales et 02 confessionnelles diffusent leurs programmes sur le territoire et au-delà de nos frontières. En fin décembre 2021, 07 télévisions satellitaires ont été autorisées par la HAAC.

Certes foisonnant, le paysage audiovisuel togolais est inégalement réparti puisqu’une majeure partie des organes audiovisuels se cantonnent à Lomé et ses environs, ce qui déteint sur la couverture nationaleet la dissémination des informations.

2-Presse écrite et en ligne

Au 31 décembre 2021, deux cent trente-quatre (234) publication sont une existence légale et peuvent exercer sur le territoire national. Deux cent dix (210) sont d’anciennes publications et, en plus des onze (11) déclarées en 2020 sur la base des nouvelles dispositions du code de la presse et de la communication, 13 se sont ajoutées en 2021. En somme, il y a un quotidien national (Togo Presse) ; 05 quotidiens privés ; 03 bihebdomadaires ; 83 hebdomadaires ; 49 bimensuels ; 45 mensuels ; 08 bimestriels ; 15 trimestriels ; 08 semestriels ; 17 appartenant aux ministères et autres institutions de l’Etat. Cependant, sur les 234 publications, plus d’une trentaine ont été déclarées par la HAAC comme « irrégulières ». Mais il faut préciser que la plupart de ces organes de presse ne paraissent plus pour diverses raisons.

Par ailleurs, le monde médiatique togolais compte une centaine de sites d’information dont 51sont titulaires d’un récépissé délivré par la HAAC au 31 décembre 2021. La majorité des presses écrites assure aussi leur présence sur le web avec leur version en ligne. Trois agences nationales de presse dont une publique (Agence Togolaise de Presse, ATOP) et deux privées (Savoir News, Afreepress) en ligne se partagent l’échiquier. Pour ce qui est des médias audiovisuels en ligne, l’on dénombre 06 WebTV et 05 web radios.

3-Autres médias

Il s’agit des représentations d’agences et médias internationaux (RFI, BBC, Reuters, Africa 24, la Voix d’Amérique, l’AFP, PANA Press, Xinhua, etc.), des blogs et des médias sociaux.

4-Organisations de presse

Malgré la recommandation des états généraux de la presse tenus à Kpalimé en 2014 exhortant les acteurs des médias à constituer une seule organisation de patrons de presse et une autre pour les employés, une dizaine d’organisations professionnelles et un observatoire animent la vie médiatique au Togo. Ainsi, au niveau des médias publics, on dénombre deux syndicats : le Syndicat des Agents de l’Information, Techniciens et Journalistes des Organes Publics (SAINTJOP) et le Syndicat Libre de la Communication (SYNLICO).

S’agissant des médias privés, l’on note, plusieurs organisations patronales et une organisation syndicale. Il s’agit du Conseil National des Patrons de Presse (CONAPP) ; du Patronat de la Presse Togolaise (PPT) ; du Conseil Togolais des Editeurs de Presse (CTEP); de l’Union des Radios et Télévisions Libres (URATEL) ; de l’Union des Télévisions Privées (UTEP) ; de l’Association Togolaise de la Presse Privée en Ligne (ATOPPEL) et enfin, de l’Organisation de la Presse en Ligne (OPEL).

Le Syndicat des Journalistes Indépendants du Togo (SYNJIT) est aujourd’hui la seule organisation syndicale dans le paysage togolais.

Aussi existe-t-il une association regroupant l’ensemble des professionnels des médias, dénommée l’Union des Journalistes Indépendants du Togo (UJIT).

Toutes ces organisations et associations en plus du seul syndicat des journalistes sont sous la coupole de l’Observatoire Togolais des Médias (OTM) qui est l’instance d’autorégulation des médias.L’OTM est, en effet, le Tribunal des pairs où siègent les organisations de presse les plus représentatives, avec pour principale mission de garantir le respect des règles d’éthique et de déontologie dans les médias.

A côté de toutes ces organisations professionnelles, il existe des regroupements thématiques de journalistes tels que les réseaux et unions dans divers domaines.

5-Régulation des médias

Au Togo, la régulation des médias relève des prérogatives de la HAAC, et l’autorégulation est assurée par l’OTM. Mais avec l’adoption du nouveau code de la presse, la HAAC et l’OTM sont appelés à faire de la co-régulation.

Les deux organes s’autosaisissent en cas de publications ou diffusions qui violent l’éthique et la déontologie. Ils reçoivent, traitent et règlent les plaintes des citoyens qui les saisissent sur des sujets jugés préjudiciables, conformément au code de déontologie des journalistes et au code de la presse et de la communication.

6-Législation

Le secteur de la presse et de la communication au Togo est régulé par des textes législatifs, réglementaires et associatifs. Il s’agit essentiellement du nouveau code de la presse et de la communication en République Togolaise entré en vigueur en janvier 2020, de la loi organique sur la HAAC, du règlement intérieur de la HAAC, du code de déontologie des journalistes, et du bréviaire de l’OTM. Mais, il y a aussi les statuts et règlements des organisations, syndicats et associations de presse.

Tous ces textes sont chapeautés par la Constitution de la IVème République qui consacre en son article 26, la liberté de presse garantie et protégée par l’Etat.

7-Soutien de l’Etat à la presse

Le soutien de l’Etat togolais à la presse est multiforme, mais la partie la plus visible est l’appui financier de l’Etat à la presse, (Aide de l’Etat à la Presse) qui est versé annuellement aux médias privés. Portée l’année dernière à 150 millions de FCFA, cette subvention qui était de 100 millions, est toujours jugée très insuffisante par les bénéficiaires du fait du nombre de médias qui sont souvent éligibles à cette aide.

Aux états généraux de la presse tenus en 2014, il a été recommandé que cette aide puisse être portée à 800 millions de FCFA par l’Etat vu les difficultés que traverse la presse privée. Dans le souci de juguler le problème, l’Etat togolais a décidé de créer un Fonds de soutien et de développement de la presse, conformément au nouveau code de la presse (article 55).

L’autre soutien qu’attendent depuis des années les médias togolais, est la détaxation des intrants d’imprimerie, des matériels de production et diffusion médiatique. Ceci passera par l’adoption du décret d’application de la Convention de Florence (1950) et du protocole de Nairobi (1976), ratifiés par le Togo le 16 Novembre 2009. L’initiative permettra de baisser drastiquement ou de moitié, les prix actuels des intrants d’imprimerie, des outils et matériels de production et de diffusion médiatique.

  • RELATIONS AVEC LES INSTITUTIONS ET LES ORGANISATIONS
  1. Avec le gouvernement et les partenaires au développement

Au cours de l’année 2021-2022, les relations entre le ministère de tutelle et la presse ont été dans l’ensemble cordiales. En témoigne le dialogue permanent établi entre les organisations de la presse togolaise et le ministère en charge de la communication depuis deux ans déjà.

Cette bonne collaboration est matérialisée le 1er février 2022 par une rencontre de présentation de vœux au ministre de la communication où plusieurs sujets ont été passés en revue notamment, la question de la Convention collective, de la liberté de presse, du Code de la presse et de la professionnalisation des médias.

  • Sur la convention collective, on peut retenir que l’accord des organisations de la presse pour avancer sur la question de la convention collective est en elle-même une avancée.

 

  • Sur la professionnalisation des médias, mis à part le projet de la convention collective au niveau de la presse privée, il y a lieu de retenir l’évolution du processus de mutation dans le secteur de la communication et des médias au Togo. Ces réformes s’inscrivent dans le cadre du nouveau code de la presse et de la professionnalisation du secteur. Il s’agit de l’accélération du processus de mutation des médias d’Etat (Radios et Télévision) en office : (RTVT) et de la création de la Société de Télédiffusion du Togo (TDT) qui a pour objet d’assurer la diffusion en mode numérique des programmes de radios et de télévisions publiques et privées.

 

  • Sur la liberté de presse, on note une liberté d’expression marquée par des débats sans censure sur toutes les questions de l’actualité nationale et internationale au Togo. En marge du traditionnel compte rendu du conseil des ministres, une nouvelle formule de communication de l’action gouvernementale a vu le jour et est marquée par des conférences de presse d’après conseil des ministres.

 

  • Sur le volet du code de la presse, il faut noter que beaucoup de confrères ont eu des problèmes l’année dernière par rapport aux dérives constatées. Dérives qui ont conduit certains à la justice ou au niveau de la HAAC, où il y a eu des suspensions.

 

  • Outre la bonne collaboration relevée, ces relations sont devenues timides, compte tenu du non déblocage des fonds de campagne de vaccination Covid-19 promis aux organes de presse.

 

  • Avec les partenaires au développement, les relations sont au beau fixe. L’une des preuves est le financement de plusieurs ateliers de formations des journalistes et le soutien apporté à certaines initiatives notamment le journalisme d’impact.
  1. Avec la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC)

Avec l’émergence de nouveaux défis et enjeux liés à la régulation, les attributions de l’OTM en rapport avec la désignation des candidats à l’élection des membres de la HAAC, se sont vues renforcées avec l’adoption le 16 novembre 2021 par l’Assemblée Nationale d’une nouvelle loi organique.

Les changements intervenus permettront d’assurer la cohérence de la loi organique relative à la HAAC avec le nouveau code de la presse et de la communication. L’objectif est de voir y siéger plus de représentants de la presse, et de faire participer l’Observatoire togolais des Médias à la procédure de désignation des membres.

Les relations entre la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) et la presse n’ont pas été reluisantes durant l’année écoulée à cause des suspensions qui ont pesé sur les journalistes et leurs organes. En effet, quatre (04) mois de suspension ont été infligés au journal « The Guardian » et son Directeur de publication Ambroise Yawo KPONDZO a vu sa carte de presse suspendue pour quatre (04) mois.

Une autre suspension de deux (02) mois a été infligée à Yves GALLEY, Directeur de Publication de « La Symphonie ». Cette décision de la HAAC a été annulée par la Chambre administrative de la Cour Suprême après une saisine du journal.

  1. Avec les organisations de presse

Du point de vue associatif, on note d’abord vis-à-vis de l’OTM, une mise à jour de ses textes statutaires en conformité avec le renforcement institutionnel dont il a fait l’objet avec l’adoption de la nouvelle loi organique de la HAAC.

Les relations entre l’Observatoire Togolais des Médias (OTM) et les organisations de presse ont continué à s’améliorer. Aucune situation conflictuelle n’a été notée depuis le 03 mai 2021 à ce jour. Les uns et les autres acceptent volontiers de prendre part aux invitations de leurs homologues.

  1. Avec les partis politiques et la société civile

Les relations entre la presse, les partis politiques et la société civile ne sont toujours pas des meilleures L’on note une certaine méfiance entre les partis politiques et les médias. L’autre fait qui mérite d’être souligné, est la difficile collaboration entre la presse et les élus locaux depuis l’avènement de la décentralisation.

  1. Avec les autres institutions de la République

Les relations entre les médias, le gouvernement et les autres institutions au cours des douze derniers mois sont mitigées. Malgré la bonne couverture de la campagne de sensibilisation contre la Covid-19, les médias sont restés sur leur soif en ce qui concerne le traitement qui leur a été réservé dans la gestion des fonds alloués à la communication. Les organisations de presse ont dénoncé la mise sur écoute des journalistes au moyen du logiciel PEGASUS, l’inculpation et l’emprisonnement des journalistes pour délit de presse par voie électronique. Aussi ont-elles déploré le manque de professionnalisme des journalistes dans le traitement des informations.

  1. La confraternité

Du 03 mai 2021 au 03 mai 2022, l’exercice de la profession de journaliste au Togo a laissé transparaître des liens conflictuels entre professionnels des médias.

  • Invectives sur les réseaux sociaux entre confrères ;
  • Des confrères qui se réjouissent de la situation malheureuse des autres ;
  • Absence de confraternité constatée dans le traitement du dossier relatif au Pétrolegate.

 

  • PLAINTES ET SANCTIONS :
  • Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC)

Le 21 septembre 2021, l’Ecole Supérieure des Affaires (ESA) a porté plainte contre Le Républicain Infos qui a publié dans le N°046 du 13 septembre 2021 l’article intitulé « Affaire de faux diplômes à l’ESA : un étudiant saisit le ministre IHOU Majesté de l’Enseignement supérieur par courrier.

L’affaire a été réglée à l’amiable et le journal a publié un rectificatif.

Les articles intitulés « Vaccination forcée avec chars et fusils d’assaut au Togo : le régime en course pour le Prix Nobel de la Paix » et « Ma colère » parus respectivement dans les N°0126 du 23 septembre 2021 etN°0127 du 30 septembre 2021 du journal « The Guardian », ainsi que la participation de son Directeur de publication à l’émission « Miwoenegno » diffusée en direct sur les antennes de la Radio Kanal FM le mardi 30 septembre 2021, ont relevé de graves manquements professionnels selon la HAAC et se sont soldés par des sanctions prises à l’encontre du journal et de son Directeur de publication.

Le Directeur de publication a fait appel de la décision de la HAAC aux fins de son annulation auprès de la Chambre administrative de la Cour suprême. Sa plainte a été déclarée irrecevable.

Le mercredi 03 novembre 2021, Yves GALLEY. Directeur de Publication de « La Symphonie », a été invité à une séance d’audition à la HAAC suite à la publication d’ un article intitulé « Suspension de the Guardian: Incompétence, vices de forme, abus de pouvoir, violation des droits fondamentaux du mis en cause, la HAAC: la force et le zèle érigés en droit », publié dans le N°194 du 28 octobre 2021.

Considérant que les graves violations et manquements professionnels relevés dans la publication du 28 octobre 2021 constituent un cas de récidive puisque le journal a déjà écopé d’une mise en garde, la HAAC lui a infligé une suspension de deux (02) mois.

Cette décision de la HAAC a fait l’objet d’un recours du journal « La Symphonie » et la sanction annulée.

Dans sa parution N°029 du 23 mars au 05 avril 2022, le bimensuel « Le Détective » a publié un article intitulé : « Dossier spécial/Golfe 7: vers le chaos ? Plongée dans la nébuleuse d’Aimé Koffi Djikounou, argent, sexe, enrichissement illicite, corruption, maraboutage… Enquête au cœur d’un mécanicien et de ses maîtresses qui prennent en otage le marché d’Adidogomé ».

Cet article selon la HAAC porte gravement atteinte à la vie privée des personnes par lui citées, notamment la plaignante et viole l’article 8 de la loi portant code de la presse et de la communication ainsi que l’article 4 du code de déontologie des journalistes du Togo. Le journal a écopé de quatre (04) mois de suspension.

  • Observatoire Togolais des Médias (OTM)

Le 20 janvier 2022, sur la base d’une plainte contre le journal Liberté pour diffamation dans un article intitulé : « Ministère des Enseignements primaire et secondaire, des nominations qui appellent à un audit de conformité », l’OTM a auditionné le Directeur de publication dudit journal accompagné d’un de ses collaborateurs. Après les échanges avec le plaignant qui déplore être cité dans un fait de détournement de frais de mission des inspecteurs à son profit, le journal a accepté publier un droit de réponse.

Le Directeur de publication du même journal a été auditionné, le 10 juin 2021, suite à une autre plainte déposée par une dame se sentant indexée dans un article du journal comme « fille d’un haut gradé de l’armée ». La rédaction d’un droit de réponse a été aussi acceptée.

Le 10 janvier 2022, sur auto-saisine conformément à l’article 14 de son règlement intérieur, l’OTM a invité le Directeur de publication du journal La Dépêche pour une audition. Les échanges qui ont été relaxes, ont porté sur la véracité du contenu de l’article intitulé : « Ministère de la communication et des médias : les hôtes se succèdent mais ne se ressemblent pas », paru dans le N°1079 du journal. Le Directeur du journal a promis envoyer à l’Observatoire des éléments qui certifient le contenu de son article. Ce qui n’a pas été fait.

L’OTM a également reçu le Directeur de publication du journal Le Medium après une plainte déposée contre lui par le Directeur de publication du journal L’Alternative. C’est un cas de confraternité que l’OTM a su gérer. Une audition empreinte de convivialités. Les deux Directeurs se sont entendus.

Dans une plainte déposée à l’OTM par l’Ecole Supérieure des Affaires (ESA) contre le site INNOVA AFRICA pour des allégations mensongères sur l’établissement, l’OTM a intervenu dans le règlement du différend.

L’intervention du Tribunal des pairs aux côtés des organisations professionnelles de presse a permis des issues heureuses dans plusieurs dossiers qui auraient pu finir devant les Tribunaux.

  • ETAT DE LA LIBERTE D’EXPRESSION

La liberté d’expression est un droit essentiel qu’il est dangereux de restreindre. Elle permet aux sociétés et aux individus de se développer et de faire valoir d’autres droits. Cette liberté a souffert de quelques faits au Togo depuis le 03 mai 2021, à travers des suspensions de parutions, arrestation de journalistes, mise en écoute de journalistes, inculpation et emprisonnement pour délit de presse.

Les cas suivants de privation de liberté d’expression sont à relever :

– Suspension de 4 mois du bimensuel « Le Détective » pour diffamation, (11 avril 2022)

– Suspension de l’hebdomadaire « The Guardian » de 4 mois de parution et le retrait de la carte de presse de son Directeur de publication Ambroise Kpondzo.(12 octobre 2021)

– Suspension du bimensuel « La Symphonie » de 2 mois de parution pour avoir donné son avis sur l’irrégularité de la décision de la HAAC à l’encontre du journal « The Guardian ». Cette suspension sera annulée par la Cour suprême.(04 novembre 2021)

– Mandat de dépôt et détention à la Brigade de Recherches et d’Investigation (BRI) de Ferdinand Ayité, Directeur de publication du bihebdomadaire « L’Alternative » et Joël Egah, Directeur de publication de l’hebdomadaire « Fraternité », avant d’être déférés à la prison civile de Lomé. Ils sont inculpés de délit de presse par voie électronique.(10 décembre 2021)

– Dans la même affaire, Isidore Kouwonou, Rédacteur en chef du journal « L’Alternative » et présentateur de l’émission « L’Autre journal », est sous contrôle judiciaire. (10 décembre 2021)

– Ferdinand Ayité et Joël Egah recouvrent leur liberté provisoire, mais sont sous contrôle judiciaire.(31 décembre 2021)

-La révélation d’espionnage des journalistes togolais Ferdinand Ayité, Carlos Kétohou et Luc Abaki au moyen du logiciel PEGASUS rendu public suite à une enquête par un réseau international de journalistes d’investigation. (18 juillet 2021)

Au regard de ces constats, on peut conclure que la liberté de presse a pris un coup ces douze derniers mois.

V- LES RECOMMANDATIONS

A l’endroit des professionnels de médias

  • Veiller au respect des règles d’éthique, de déontologie et des dispositions du code de la presse et de la communication,
  • Faire un usage rationnel des réseaux sociaux,
  • Encourager et promouvoir la confraternité au sein de la corporation

A l’endroit des Organisations professionnelles des médias

  • Accélérer les démarches en cours en vue de la signature de la Convention Collective
  • Œuvrer à la professionnalisation des organisations de presse
  • Privilégier les intérêts de la corporation
  • Promouvoir et veiller à l’application de la grille tarifaire des médias décidée aux assises de Kara.
  • Encourager et soutenir la formation continue des journalistes,
  • Encourager et soutenir le regroupement des médias en groupe de presse
  • Encourager l’idée d’une fusion des organisations professionnelles de presse.

A l’endroit des instances de régulation et d’autorégulation

  • Revoir à la baisse le coûtde la carte de presse et rallonger sa durée de validité.
  • Alléger les formalités de renouvellement de la carte de presse
  • Améliorer les relations avec les professionnels des médias.
  • Se définir prioritairement comme des instances d’écoute, de conseils, puis de régulation des médias
  • Prendre en compte les avis des organisations professionnelles de presse dans les grandes décisions
  • Œuvrer à la fédération des organisations professionnelles et à travailler sur des projets communs « médias ».

A l’endroit du Gouvernement

  • Assurer la protection des journalistes dans l’exercice de leur profession
  • Accélérer la mise en œuvre du Fonds de soutien et de développement de la presse,
  • Accorder des facilités fiscales aux entreprises de presse,
  • Développer un climat d’affaires plus favorable aux entreprises de presse
  • Adopter le décret d’application de la Convention de Florence et du protocole de Nairobi, ratifiés par le Togo depuis le 16 Novembre 2009
  • Favoriser l’appui des partenaires techniques et financiers à la presse
  • Accélérer la transformation des médias publics en office,
  • Offrir de meilleures conditions de travail aux professionnels des médias relevant du public et,
  • Accélérer la migration de l’analogique vers le numérique

 

Conclusion

La presse joue un rôle essentiel de rapprochement entre les hommes, mais elle peut aussi contribuer à les diviser si ce rôle n’est pas pleinement observé. En effet, la responsabilité sociétale est importante dans la recherche de la paix, dans l’accomplissement du bien-être des populations et de leur épanouissement intégral. C’est d’ailleurs dans ce sens que la presse togolaise a joué sa partition dans la lutte contre la Covid-19, en sensibilisant les populations au respect des mesures barrières édictées par le gouvernement, et en conviant les populations à aller se faire vacciner dans la quête d’une immunité collective. Une lutte qui a porté ses fruits vu la tendance baissière des cas de contamination à la Covid-19 au Togo.

 

Néanmoins, cette année encore, nous avons connu des manquements professionnels qui ont conduit à la suspension de certains organes de presse et à l’inculpation et l’emprisonnement de quelques journalistes pour délit de presse. D’un autre côté, le nouveau code de la presse et de la communication, adopté en janvier 2021 et qui intègre, désormais, la régulation de la presse en ligne, comporte des dispositions qui sont aux antipodes de la dépénalisation des délits de presse acquise de hautes luttes, depuis 2004. Par conséquent, les acteurs des médias devront lutter pour la « regagner », ceci en étant plus responsables, plus unis et ayant à cœur l’intérêt commun. La presse togolaise se doit d’œuvrer à plus de professionnalisme, de sortir des sentiers battus et tendre vers des industries de presse capables de s’affirmer sur l’échiquier national et international.

En dépit des pesanteurs de tous ordres qui tirent la presse vers le bas, l’OTM constate qu’elle fait, toutefois, preuve de dynamisme. Le Tribunal des Pairs reste ouvert à toutes les suggestions et autres propositions devant lui permettre d’optimiser ses actions pour l’avènement d’une presse libre, indépendante, professionnelle et responsable au Togo.