Réformes économiques : Comprendre le « miracle togolais »

Réformes économiques : Comprendre le « miracle togolais »

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Faure Gnassingbé au lancement du Rapport Pays

Les audacieuses réformes économiques opérées ces dernières années par le gouvernement togolais ont favorisé des avancées notables et un bon positionnement du pays dans les différents classements internationaux. En témoigne le classement Doing Business 2020 où le Togo gagne 40 places, faisant de lui le premier pays réformateur en Afrique et le 3ème au monde. Le Rapport Pays de ce nouveau classement Doing Business a été publié jeudi à Lomé au cours d’une cérémonie présidée par le chef de l’Etat Faure Gnassingbé.

Ces dernières années, le Togo s’est en effet engagé dans un vaste programme de réformes économiques empreintes d’initiatives novatrices, ce qui a notamment permis au pays d’améliorer sur la période 2018-2019, son environnement des affaires sur cinq indicateurs à savoir la création d’entreprises, l’obtention du permis de construire, le transfert de propriété, le raccordement à l’électricité et l’obtention de prêt.

Selon Mme Sandra Ablamba JOHNSON, Ministre Délégué, Conseillère du Président de la République en charge du climat des affaires, afin de comprendre le « miracle togolais » sur les réformes réalisées ces derniers mois, il faut de toute évidence se référer à trois choses notamment les choix opérés par le gouvernement, la volonté politique affirmée, le pragmatisme et le leadership des plus hautes autorités du pays.

Selon l’institution de la Banque mondiale, cinq réformes réussies ont en effet permis ce classement exceptionnel dans l’amélioration du climat des affaires au Togo.

Il s’agit d’abord des facilités liées à la création d’entreprise avec la suppression de l’obligation de faire authentifier les documents, et le raccourcissement du délai d’enregistrement. Le coût de la création d’entreprise est passé de 262.250 F CFA en 2012 à 28.250 F CFA en 2019, avec une réduction du temps d’enregistrement d’entreprise qui est également passé de 85 jours en 2012 à 4 heures en 2019. Ceci a permis une formalisation plus  importante de l’économie avec au total 56.606 entreprises créées sur ces cinq (05) dernières années, générant selon la Banque mondiale, une économie sur les coûts de conformité aux textes et procédures précédemment en vigueur de près de 14 milliards de F CFA  pour ces entités.

Par ailleurs, le Togo a réussi à réduire les coûts et les délais d’obtention des permis de construire. Cette formalité a été simplifiée par la mise en place d’un portail en ligne pour le dépôt des demandes.

Autre réforme importante  relevée par Doing business et qui justifie la grande avancée du Togo, est la baisse du coût du raccordement à l’électricité. Cette baisse est due à la diminution du coût des travaux de raccordement et du dépôt de garantie pour les nouveaux branchements. Ce qui a fait qu’au cours de ces trois (03) dernières années, les demandes de raccordement ont augmenté en moyenne de 50 % par an.

« L’application de la réduction de 50 % du tarif de raccordement génère une économie sur les coûts de conformité aux textes et procédures précédemment en vigueur estimée à plus de 650 milliards FCFA pour les entreprises entre janvier 2018 et septembre 2019 », renseigne le gouvernement.

Durant l’année écoulée, le Togo a en outre simplifié les formalités du transfert de propriété et les coûts ont été réduits de manière considérable. La dernière réforme à l’actif du Togo dans le Classement Doing business 2020 est l’accès à l’information sur le crédit. Il a été amélioré grâce à l’élargissement de la couverture de l’Office de crédit et le démarrage de la communication des données des entreprises de service public.

Ces différentes performances ont été saluées par Mme Hawa Cissé Wagué, Représentante Résidente de la Banque mondiale au Togo et Sergio Pimenta, le vice-président de la SFI (Société financière internationale, Groupe de la Banque mondiale pour l’Afrique et le Moyen-Orient).

« Aujourd’hui, c’est une journée spéciale pour le Togo. Nous avons constaté tous vos efforts et la qualité du travail mené. Je n’avais jamais vu un chef d’Etat en faire autant. Au-delà du rapport, nous fêtons ici le changement de l’image du Togo sur le plan international et sa perception auprès des investisseurs », a déclaré Sergio Pimenta.

Le Togo ne compte pas dormir sur ses lauriers malgré ces excellents résultats.  Le pays entend poursuivre les efforts et travailler de sorte à améliorer d’avantage le climat des affaires et rendre les investissements plus rentables et plus productifs. Des points essentiels sont déjà identifiés à cet effet notamment au niveau du paiement des impôts et aussi dans l’exécution des contrats avec l’opérationnalisation des tribunaux de commerce qui viennent d’être créés, et la dématérialisation des procédures ainsi que la mise en place des chambres des petites créances.

« Il s’agira non seulement d’approfondir les réformes entamées mais aussi de nous attaquer aux indicateurs sur lesquels notre pays a de la marge de progression tout en sachant que ces progrès remarquables nous rappellent aussi, si besoin en était, la nécessité de poursuivre les réformes ambitieuses exigées de nous, afin de contribuer à la mise en œuvre réussie du Plan National de Développement (PND 2018-2022) », a noté Mme Sandra Johnson.

« Nous devons savoir que nous sommes en compétition avec d’autres pays. Ce que nous venons d’obtenir est bien, mais il nous faut maintenir le cap. Si jamais nous régressons, l’impact sera encore plus négatif que les avancées réalisées jusqu’à présent », a fait savoir Faure Gnassingbé, souhaitant une accélération des réformes en 2020. « (…) Il faut que nous maintenions le rythme des réformes même si les périodes de campagnes électorales sont toujours des moments d’incertitude », a-t-il recommandé.

David SOKLOU