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Un cadre de dialogue stratégique entre le Togo et la France

Pour le renforcement de leurs liens de coopération, le Togo et la France conviennent de mettre un cadre de dialogue stratégique dont les détails seront précisés de commun accord.

La décision a été prise au cours de la visite du ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’extérieur Prof. Robert DUSSEY ce 09 mars à Paris où il a rencontré son homologue Mme Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la République française.

Les deux personnalités ont en effet abordé au cours de leurs échanges, la question du nouveau partenariat entre la France et les pays africains, où la délégation française a précisé les contours de cette réorientation de la coopération française sur le continent.

Il faut souligner que le Togo et la France entretiennent de bonnes relations d’amitié et de coopérations depuis de nombreuses décennies.

Selon une note de la diplomatie togolaise, cette visite de Robert Dussey à Paris traduit la volonté des deux pays ainsi que de leurs chefs d’Etat, leurs excellences les Présidents Faure Gnassingbé et Emmanuel Macron, de développer davantage  leur coopération en tenant compte des changements annoncés depuis 2017, concernant la coopération entre la France et les pays africains.

Diivers autres sujets ont été également évoqués entre le ministre Dussey et Mme Colonna. Il s’agit entre autres les projets de la coopération bilatérale qui ont été mis en œuvre ou qui sont en cours ainsi que des questions d’intérêt commun aussi bien au plan bilatéral que sur le plan régional et international.

L’on apprend également que sur le plan économique, les ministres Dussey et Colonna entendent œuvrer en faveur du renforcement de la coopération en matière d’investissements. Sur ce volet, Il s’agira particulièrement de susciter l’installation de sociétés françaises au sein de la plateforme industrielle d’Adéticopé (PIA). Les secteurs de l’agroalimentaire, du textile, de l’industrie pharmaceutique et du montage automobile ont été retenus comme secteurs prioritaires.

David S.




Conférence de Munich sur la Sécurité : Le ministre Robert DUSSEY a activement pris part aux travaux

La 59ème Conférence de Munich sur la Sécurité (MSC) s’est déroulée du 17 au 19 février 2023 à Munich en République Fédérale d’Allemagne. Le ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’extérieur Prof Robert Dussey a activement pris part aux travaux, sur invitation de Christoph HEUSGEN, Ambassadeur et Président de la Conférence.

Les éminents participants ont mené des débats de haut niveau avec des propositions d’approches de solutions aux questions de préoccupations majeures qui menacent la paix dans le monde notamment la défense, les changements climatiques, l’ordre mondial, la sécurité humaine et la technologie.

Le patron de la diplomatie togolaise a au cours de la conférence, animé un panel de haut niveau sur la situation au Sahel notamment le terrorisme et l’extrémisme violent qui menacent la paix, la stabilité des Etats africains et sapent leurs efforts de développement.

Après avoir relevé les causes profondes du terrorisme et de l’extrémisme violent dans le Sahel, le ministre Robert DUSSEY a dans son intervention invité les Etats à travailler davantage sur les inégalités socio-économiques, à réaliser des projets pouvant permettre de construire la confiance avec les communautés à la base et à renforcer les capacités des forces de défense pour assurer la paix et la sécurité des régions touchées par le phénomène.

Le Panel a procédé à une évaluation du chemin parcouru et les moyens mis en œuvre jusqu’ici pour lutter contre le terrorisme et l’extrémise violent et a redéfini par ailleurs de nouvelles pistes de solutions pouvant permettre de venir à bout de ce fléau dans le Sahel avec l’ensemble des acteurs, en tenant compte des choix stratégiques des gouvernements des pays concernés.

Il faut souligner qu’en marge des travaux de la Conférence, le ministre Dussey a eu plusieurs entretiens avec ses homologues de la République fédérale d’Allemagne, de la Lettonie, de la Slovénie et des Pays Bas. Il s’est également entretenu avec Mme Mélanie HUML, ministre bavaroise des affaires internationales et européennes sur le renforcement des liens entre la Bavière et le Togo étaient au menu des échanges.

Le ministre togolais a également pris part au panel de la GIZ sur « la dimension sécuritaire des ressources critiques en Afrique » où son intervention a été saluée, et a été en outre invité à partager lors d’une séance interactive avec les jeunes leaders venus d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Afrique sa connaissance des défis auxquels le continent africain est confronté. Les interventions ont porté sur les questions sécuritaires, les défis liés aux changements climatiques, les négociations post-Cotonou et sur d’autres questions connexes intéressant le continent.

La Rédaction




Diplomatie : Le ministre Robert Dussey reçu à Ouagadougou par le Capitaine Ibrahim TRAORÉ

Le ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’extérieur Prof. Robert DUSSEY a effectué, ce mercredi 25 janvier 2023, une visite de travail à Ouagadougou où il a été reçu en audience par le Capitaine Ibrahim TRAORÉ, Chef de l’État et Président de la Transition du Burkina Faso.

Selon le communiqué ayant sanctionné la visite, le patron de la diplomatie togolaise était porteur d’un message du chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé  au Capitaine Ibrahim TRAORÉ.

Le ministre Robert DUSSEY s’est félicité de la qualité des relations historiques et de coopération bilatérale entre le Burkina Faso et le Togo. Le Président de la Transition du Burkina a pour sa part remercié le dirigeant togolais pour ses initiatives de soutien à la Transition dans ses efforts pour relever les défis sécuritaires liés à la lutte contre le terrorisme et ceux politiques relatifs au retour à l’ordre constitutionnel.

Sur le plan bilatéral, les deux personnalités ont évoqué les problématiques d’ordre sécuritaire, notamment celles relatives à la lutte contre le terrorisme à la frontière de leurs pays où les populations subissent des exactions des groupes armés extrémistes. Elles ont réaffirmé l’engagement des deux pays à intensifier des initiatives bilatérales conjointes en matière de sécurité et à se mobiliser davantage dans la riposte contre le terrorisme.

Quant aux questions politiques, le Ministre DUSSEY a salué les efforts du gouvernement du Burkina Faso en vue du retour à une vie constitutionnelle régulière et a réaffirmé le plein soutien du Togo au processus de transition.

Pour ce qui est de la sous région, le Capitaine Ibrahim TRAORÉ et le Prof. Robert DUSSEY ont noté avec préoccupation l’expansion de la menace terroriste dans l’ensemble de la sous-région et ont souligné la nécessité pour les États de l’espace de renforcer leur coopération au service de la promotion de la paix et de la défense de la sécurité collective.

Au cours de sa visite de travail, le diplomate togolais a également échangé avec Mme Olivia Ragnaghnewendé ROUAMBA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabé de l’extérieur. Ils ont souligné la nécessité pour l’Afrique d’accroître ses capacités endogènes en vue d’une prise en charge efficace de ses problèmes, ainsi que celle pour les pays, conformément à leurs engagements internationaux, de privilégier les moyens et mécanismes pacifiques et diplomatiques de résolution de leurs différends.




Togo : Le ministre Robert Dussey lance un appel à la diaspora africaine

A l’occasion de la quatrième édition de la journée mondiale de la culture africaine et afro-descendante célébrée ce 24 janvier, le ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et des togolais de l’extérieur a dans un message appelé la diaspora africaine à s’approprier ces genres d’initiative  afin de poser les bases d’une Afrique nouvelle.

« Je voudrais ici lancer un appel solennel à toutes les organisations et regroupements d’associations des diasporas africaines partout dans le monde à s’associer à ces initiatives pour qu’ensemble nous puissions poser les bases d’une Afrique nouvelle », a en effet déclaré le Pr Robert Dussey dans son message

« Il y a une page d’histoire à écrire et chaque africain, chaque afro-descendant peut y contribuer. C’est à travers la production de contenus culturels que nous pouvons infléchir graduellement le narratif sur l’Afrique en mettant en exergue nos valeurs intrinsèques, qui sont souvent méconnues par le reste du monde. Toutes les cultures du monde ont droit à un égal respect », a-t-il indiqué.

Pour cela, ajoute-t-il, « nous prônons l’africanophonie, qui n’est pas un rejet des langues héritées du colonialisme mais une promotion de nos langues locales, aujourd’hui mise en valeur par l’ONU à travers la Décennie internationale des langues autochtones (2022-2032) ».

« L’africanophonie, c’est aussi rêver d’une Afrique qui ne rougit pas de sa singularité culturelle et de son apport civilisationnel à l’humanité, c’est rêver d’une Afrique fière d’elle-même, de ses racines et qui s’assume dans sa différence par rapport au reste du monde ; c’est rêver d’une Afrique qui fait entendre sa voix sur les grands sujets de l’actualité internationale, surtout ceux qui la concerne », a-t-il expliqué.

Pour rappel, la journée mondiale de la culture africaine et afro-descendante a été adoptée en 2019 à l’unanimité par la 40ème session de la conférence générale de l’Unesco, sur la base d’un projet de résolution introduite par le Togo. Cette journée se veut une occasion de célébration de la contribution des arts et cultures noirs à la richesse de l’humanité, et un instrument de leur promotion comme un levier efficace au service du développement durable, du dialogue et de la paix.

Elle s’inscrit dans la droite ligne de la décennie des personnes d’ascendance africaine (2015-2024), par laquelle l’assemblée générale des Nations unies a réaffirmé l’importance de l’apport des cultures africaines, aussi riches que diversifiés, à l’édification d’un monde prospère.

Dans cette dynamique, le Togo avait œuvré afin que les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine déclare la décennie 2021-2031, Décennie des racines et des diasporas africaines. Le pays accueille par ailleurs en 2023, le 9è Congrès Panafricain sur le thème : « renouveau du panafricanisme et place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale : mobiliser les ressources et se réinventer pour agir ».

La Rédaction




Accord d’exemption de visas diplomatiques entre le Togo et la Serbie

Les officiels togolais peuvent désormais rentrer sans visa en Serbie. Ceci à la faveur d’un accord d’exemption de visas diplomatiques entre les deux pays.

Les documents de l’accord ont été paraphés ce 16 janvier en Serbie par le ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et des togolais de l’extérieur, Pr Robert Dussey et son homologue serbe Ivica Dacic.

Le patron de la diplomatie togolaise a également eu des échanges avec le président du parlement serbe Vladimir ORLIC sur le sujet de la coopération parlementaire entre les deux pays avec la création par les députés serbes, du groupe parlementaire d’amitié Togo-Serbie.

Le ministre Robert Dussey a par ailleurs évoqué avec le Premier ministre de la Serbie Mme Ana BRNABIC, les prochains chantiers de la coopération entre le Togo et la Serbie notamment l’agriculture, l’éducation, les investissements entre autres.

« Entre la Serbie et le Togo les relations sont excellentes », s’est réjoui Robert Dussey.

La Rédaction




Vers une réduction du coût des transferts de fonds de la diaspora africaine

Les coûts des transferts de fonds de la diaspora africaine pourront connaître une réduction, avec l’objectif d’optimiser la contribution de cette dernière au développement de l’Afrique.

Un forum s’est ouvert dans ce sens ce jeudi 12 janvier 2023 à Rabat au Maroc en présence du ministre togolais des Affaires Etrangères, de l’Intégration Régionale et des Togolais de l’Extérieur, Pr Robert Dussey.

Les travaux visent justement à renforcer les cadres de dialogue existants au niveau continental en ce qui concerne les actions à mener en vue de la réduction des coûts des transferts de fonds de la diaspora africaine.

Le patron de la diplomatie togolaise a expliqué que ce  forum est l’un des projets prioritaires du plan d’action de la décennie des racines africaines et de la diaspora africaine.

« Certaines régions du monde notamment le continent africain demeurent toujours victimes de coûts de transferts très élevés par rapport à la moyenne. Ces transferts sont astreints à des taux exorbitants et les retenues pratiquées par les organismes de transfert peuvent, selon certaines études, atteindre 15 %, représentant ainsi quelque 1,6 milliards d’euros de manque à gagner pour le continent africain », a-t-il expliqué.

Les travaux permettront aux participants de mener des réflexions approfondies afin de trouver des approches de solutions innovantes en vue de répondre au besoin d’optimisation des transferts de fonds de la diaspora.

Pour rappel, l’importance des envois de fonds de la diaspora dans l’économie dans les pays africains n’est plus à démontrer. Selon les statistiques, ces transferts monétaires vers le continent se sont élevés à 85,9 milliards de dollars en 2019 et 78,4 milliards en 2020 et représentent une contribution moyenne comprise entre 7 et 10 % du PIB des pays, et plus de 20 % du PIB de certains pays comme le Cap Vert, la Gambie et le Lesotho.

Pour ce qui est du Togo, ces transferts financiers représentent entre 8 % et 10 % du PIB.

David S.




Robert DUSSEY dresse le bilan 2022 de la diplomatie togolaise

Le ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’extérieur fait le bilan de la diplomatie togolaise pour le compte de l’année 2022 qui s’achève. Dans une interview accordée à la presse, Prof. Robert DUSSEY est revenu sur divers sujets notamment les principaux chantiers sur lesquels ont porté les actions menées,  le concept de l’africanophonie qu’il a évoqué lors de son discours à la 77ème session de l’assemblée générale de l’ONU, l’adhésion du Togo au Commonwealth le 25 juin dernier, la coopération bilatérale avec les avancées enregistrées en 2022, et entre autres l’engagement en faveur des Togolais de l’extérieur. Bonne lecture !

Question : Professeur Robert DUSSEY, bonjour. Cela fait plusieurs années déjà que vous nous avez habitué à présenter à chaque fin d’année le bilan de l’action diplomatique du Togo. 2022 n’échappe pas à cette règle. Observateurs extérieurs que nous sommes, nous, hommes et femmes de médias sommes tentés de dire que la diplomatie togolaise a engrangé beaucoup de succès en cette année, eu égard aux nombreuses distinctions qui vous ont été décernées. Qu’en dites-vous, monsieur le ministre ?

Robert DUSSEY : Je voudrais tout d’abord vous remercier pour l’attention particulière que vous accordez à l’action diplomatique du Togo. Pour revenir à votre question, je voudrais dire que vous n’avez pas tort de penser que la diplomatie togolaise a réalisé de grandes avancées en 2022. Les distinctions auxquelles vous faites référence, loin d’être un motif de satisfaction personnelle, constituent plutôt la reconnaissance de la pertinence de la vision politique internationale du Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, à qui on ne peut faire qu’un seul reproche, celui de rêver grand pour son pays.  Sous son leadership et conformément aux priorités qu’il a définies, nous avons travaillé à renforcer l’attractivité du Togo sur le plan économique, à apporter notre contribution à la construction et à la consolidation de la paix et de la stabilité dans notre espace régional et à renforcer l’influence de notre pays dans le concert des nations sans oublier notre engagement en faveur de la diaspora.

Et quels sont les principaux chantiers sur lesquels a porté votre action ?

D’abord celui de l’engagement pour la paix sans laquelle rien ne peut se faire. Comme vous le savez déjà, la paix et la sécurité dans les régions du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest ont été depuis quelques années mises à rude épreuve par des assauts répétitifs de groupes armés terroristes. Pendant longtemps circonscrites à la bande sahélo-saharienne, ces attaques touchent malheureusement de plus en plus les pays du Golfe de Guinée dont le Togo.

A cette fragilité, se sont ajoutées des instabilités politiques dans plusieurs pays de la région consécutives à des coups d’Etat.  Prenant sa responsabilité, le Togo s’implique activement sur plusieurs fronts pour aider les pays frères en difficulté, comme par exemple le Mali, à retrouver la voie de la normalité à travers le dialogue et la concertation. Toujours fidèle à sa tradition de constructeur de la paix, notre pays fait également de la médiation entre les pays africains en froid. Des activités telles que le colloque international de Lomé sur la gestion des transitions politiques et le renforcement de la résilience face aux extrémismes violents du 06 mars 2022, la 3ème réunion du groupe de soutien à la transition au Mali (GST-Mali), tenue à Lomé le 06 septembre 2022 et la co-organisation de la 3ème édition du forum régional sur l’éducation à la paix à travers le dialogue intra et interreligieux qui a d’ailleurs consacré Lomé « la capitale de la paix, de la médiation, du dialogue et de la tolérance», s’inscrivent dans cette dynamique d’affirmation du leadership de notre pays sur ces thématiques. Il en est de même du lancement à Lomé par la commission de l’Union africaine, de l’édition 2022 du mois de l’amnistie.

Ensuite, en 2022, le Togo a beaucoup plaidé pour un multilatéralisme plus juste et plus équitable qui sera le moteur d’un développement stable et d’une croissance mondiale soutenue. Notre pays condamne vigoureusement ces chantres du multilatéralisme qui, au gré de leurs intérêts, foulent au pied ses fondements. Tout en réaffirmant son attachement au multilatéralisme, le Togo a cependant invité à un questionnement sur ses fondements, à l’aune des réalités de notre temps et d’un point de vue afro-centré.

La voix de l’Afrique ne semble malheureusement pas être entendue, car certains ne veulent tout simplement pas que l’Afrique soit un continent fort. Mais nous encourageons les Africains à se réveiller de la torpeur et de l’engourdissement d’esprit hérités du colonialisme pour se préoccuper de la place que l’Afrique occupe sur la scène du monde. Il nous appartient de faire en sorte que nos pays ne soient plus seulement un réservoir de voix ni des zones d’influence pour d’autres, en prenant conscience de la responsabilité propre de notre continent qui a son mot à dire.  L’Afrique attend non pas la charité mais plus d’égalité, de respect, d’équité et de justice. Ceux qui veulent aider l’Afrique doivent le faire en tenant compte des priorités définies par elle.

On voit bien que la place de l’Afrique dans le monde est un sujet qui vous préoccupe profondément. Nous l’avons ressenti lors de votre discours à la 77ème session de l’assemblée générale de l’ONU où vous avez évoqué le concept de l’africanophonie. De quoi s’agit-il ?

L’africanophonie est l’ensemble des personnes et des peuples africains qui parlent une des langues africaines, entendues ici non pas uniquement comme moyen de transmission de la pensée mais aussi comme expression d’une identité culturelle. L’africanophonie est donc la reconnaissance et l’acceptation de notre histoire, de notre culture. C’est l’expression des valeurs propres à l’Afrique, qui est en soi une puissance culturelle. Si l’Afrique veut être considérée à sa juste valeur par le reste du monde, si elle veut que sa voix soit entendue sur les grands sujets internationaux, il lui faut s’imposer comme singularité et cesser de vouloir à tout prix s’identifier à tel ou tel autre bloc de pensée. Sur ce point, l’Africain à un travail à faire sur lui-même pour assumer son identité intrinsèque.

Les concepts d’Afrique francophone, anglophone, lusophone, arabophone, etc…, sont des conditionnements épistémologiques historiques et idéologiques dont il faut sortir. L’Afrique est simplement l’Afrique. Il est vrai qu’en Afrique plusieurs parlent des langues comme le français, l’anglais, le portugais, l’espagnol, mais ce n’est pas suffisant pour balayer du revers de la main des réalités civilisationnelles et anthropologiques profondes proprement africaines. Dans la dynamique de la conscience panafricaine contemporaine, nous affirmons clairement notre volonté de sortir de la logique du conditionnement de soi par autrui. Il en va de l’honneur et de l’avenir de l’Afrique de sortir du regard exogène au travers duquel les autres ne voient en l’Afrique que ce qu’ils veulent regarder et non ce que l’Afrique est ou entend être pour être elle-même et pour la refondation de son rapport avec ses voisins des autres contrées de la planète. Il importe de construire notre propre narratif.

Par exemple, dans les conflictualités auxquelles le monde est aujourd’hui confronté, l’Afrique à son mot à dire, son rôle à jouer. Il s’agit, sans faire preuve d’angélisme, d’œuvrer pour le retour de la paix à travers le dialogue et la concertation entre les peuples frères en conflit. C’est l’une des valeurs que portent toutes les cultures africaines, valeurs que nous devons promouvoir et assumer à travers l’africanophonie.

Sur le plan multilatéral, l’adhésion du Togo au Commonwealth, le 25 juin dernier, a été l’aboutissement d’un long processus. Pourquoi ce choix et qu’est-ce que le Togo y gagne ?

L’adhésion du Togo au Commonwealth est une décision souveraine mûrement réfléchie. L’acceptation de la demande d’adhésion du Togo est avant tout la reconnaissance des progrès considérables réalisés ces dernières années par notre pays non seulement en matière de bonne gouvernance, de démocratie et de droits de l’homme, mais aussi en termes de réformes du milieu des affaires. Le processus a été laborieux et très exigeant.  L’appartenance d’un pays à de grands ensembles régionaux ou internationaux est un facteur d’amélioration de son influence diplomatique. En faisant le choix du Commonwealth, notre pays vise à diversifier ses partenariats. Le Togo ne tourne nullement le dos à ses familles traditionnelles mais nous trouvons économiquement utile de faire partie du Commonwealth qui représente un marché d’environ 2,5 milliards de consommateurs.

Cérémonie de l’entrée officielle du Togo au Commonwealth

Mais monsieur le ministre, le rayonnement diplomatique d’un pays ne se fait pas que par son appartenance à de grandes organisations, mais aussi, par le placement de ses ressortissants dans les organisations internationales. En la matière, le Togo semble être en retard …

Je ne parlerai pas de retard mais des possibilités qui restent à explorer. Dans certaines organisations, le Togo a atteint ou dépassé son quota de représentativité. Notre ambition est non seulement de faire rentrer le maximum de compatriotes dans les organisations internationales ou groupes multinationaux, mais de travailler également à la promotion de ceux qui y sont déjà pour les faire hisser à des postes de responsabilité. C’est bien le nombre, mais c’est encore mieux de viser la qualité de la représentativité. Nous nous félicitons ainsi de l’élection le 25 mars 2022 de notre compatriote, monsieur Gilbert Fossoun HOUNGBO à la tête du bureau international du travail (BIT). La véritable influence se trouve à ce niveau. Dans le cadre du renforcement de la présence de nos compatriotes dans les organisations internationales, mon département s’est doté d’une stratégie de placement et de promotion de cadres togolais dans ces instances, que la cellule de placement travaille à mettre en œuvre, en parfaite collaboration avec d’autres acteurs dont l’association des fonctionnaires internationaux togolais (AFIT).

Parlons à présent de la coopération bilatérale si vous le voulez bien. Sous ce registre, quelles sont les avancées enregistrées en 2022 ?

Sur le plan bilatéral, nous avons poursuivi la dynamique de diversification des partenaires dont nous avons besoin pour soutenir la mise en œuvre de la feuille de route gouvernementale Togo 2025. En 2022, nous avons décidé de renforcer notre coopération bilatérale avec les pays du Proche et du Moyen-Orient sans laisser de côté nos partenaires traditionnels. C’est ainsi que dès le début de l’année, à l’invitation de mon homologue iranien Dr. Hossein AMIRABDOLLAHIYAN, j’ai effectué une visite de travail à Téhéran où j’ai eu des entretiens avec le Président de la République Islamique d’Iran, Son Excellence Monsieur Ebrahim RAÏSSI et d’autres personnalités des sphères politique et économique.

​​Le renforcement de la coopération dans les domaines de la sécurité, du commerce, des investissements, de la santé, de l’agriculture et des mines a été au cœur des échanges.

La plupart de nos accords avec l’Israël datant des années 60, il est devenu indispensable de les actualiser en vue de mieux les adapter au contexte actuel. Ce fut l’objet de ma visite officielle à Jérusalem, du 28 mai au 04 juin 2022, à l’invitation de mon homologue israélien, monsieur Yaïr LAPID. Nous avons saisi l’occasion pour définir de nouveaux domaines prioritaires de coopération à savoir : l’agriculture et l’irrigation, l’adaptation aux changements climatiques, la sécurité, la santé, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’industrie, les énergies renouvelables, l’éducation et la formation.

Au Pakistan où je me suis rendu du 10 au 12 août 2022, j’ai mis un accent particulier sur les opportunités d’affaires qu’offrent la plateforme industrielle d’Adétikopé et la volonté du Togo d’affirmer davantage sa vocation de hub logistique et de services à travers le renforcement de ses infrastructures portuaires, aéroportuaires et routières. Avec les autorités pakistanaises, nous avons également ouvert des négociations en vue de la signature de plusieurs accords dont un accord d’exemption réciproque de visas au profit des détenteurs de passeports diplomatiques et de service.

Nos relations avec le Royaume d’Arabie Saoudite se sont aussi revigorées en 2022. J’ai ainsi séjourné du 4 au 6 octobre 2022 à Riyad où j’ai rencontré mon homologue, Son Altesse le Prince Faisal Bin Fahran Bin Abdallah Al Saud ainsi que d’autres membres du gouvernement et des responsables des plus grandes entreprises saoudiennes. Outre la lutte contre le terrorisme, nous avons convenu d’impulser une dynamique nouvelle à nos relations dans les domaines des investissements, des mines, de l’agriculture et des énergies.

Robert DUSSEY et son homologue marocain Nasser BOURITA a l’inauguration du consulat générale du Togo à Dakhla au Maroc

La coopération avec la Türkiye s’est renforcée par l’effectivité de l’ouverture de notre ambassade à Ankara cette année. Les premières consultations politiques entre nos deux gouvernements, conformément au mémorandum d’entente signé l’année dernière, ont eu lieu à Lomé le 24 juin 2022. Les travaux ont permis de faire le point de la coopération et d’identifier des actions à entreprendre pour accélérer la conclusion des accords en cours de négociation et la mise en œuvre des partenariats décidés par les deux Chefs d’Etats lors de la visite à Lomé de Son Excellence Monsieur Recep Tayyip ERDOGAN, le 19 octobre 2021.

Je mentionnerai également la visite à Lomé du directeur général du département des affaires africaines au ministère des affaires étrangères de la République Populaire de Chine et secrétaire général du forum de suivi de la coopération sino-africaine (FOCAC), monsieur WU Peng, en juin 2022. Il a annoncé l’annulation de 1,5 milliard de FCFA de la dette togolaise.

Nos relations avec le Royaume du Maroc se sont aussi intensifiées, comme en témoigne l’ouverture cette année de l’ambassade du Royaume chérifien à Lomé et l’ouverture d’un consulat général du Togo à Dakhla, en plus de notre ambassade qui existe déjà à Rabat. Afin de rapprocher davantage les deux peuples, nous avons conclu un accord d’exonération de visa d’entrée pour les détenteurs de passeports ordinaires, entré en vigueur le 09 septembre 2022. Voilà quelques initiatives au niveau bilatéral parmi tant d’autres dont notre pays peut s’enorgueillir en 2022.

Un autre pan important de vos attributions est la diaspora ! Il n’y a plus de doute quant à votre engagement en faveur des Togolais de l’extérieur. On a pu constater cette année que malgré votre agenda chargé, vous ménagez toujours un temps pour rencontrer la diaspora togolaise lors de vos différentes missions. Sur ce sujet, quels sont les acquis concrets ?

Nous avons décidé de maintenir un dialogue constant avec la diaspora pour mieux comprendre ses attentes et aussi, lui expliquer les orientations de la politique de développement mise en œuvre dans notre pays. Il n’est pas dit que nous allons toujours nous mettre d’accord sur tout. Mais le jeu en vaut la chandelle car le dialogue permet de dissiper une bonne partie des malentendus. Par exemple, l’accord de tarif préférentiel que nous avons négocié avec certaines compagnies dont ASKY répond à un besoin formulé lors de ces rencontres. Aujourd’hui, tous les Togolais de l’extérieur bénéficient d’une réduction de 12% sur les prix des billets vers les destinations desservies par ASKY. Les compatriotes de la diaspora évoquent également de façon récurrente les difficultés qu’ils ont à se faire établir ou renouveler leurs documents d’identité. En y répondant, nous avons, avec le concours d’autres administrations compétentes, envoyé une mission foraine en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Nigeria et au Mali pour l’établissement des certificats de nationalité. Au total, 2284 demandes ont été enregistrées. Cette initiative, hautement appréciée par les bénéficiaires, est appelée à se pérenniser autant que faire se peut.

Par ailleurs, afin de mieux articuler les politiques publiques en faveur sa diaspora, il s’est avéré nécessaire de bien connaître la diaspora togolaise dans son effectif, sa répartition géographique dans le monde et ses profils socio-professionnels. Nous avons ainsi organisé, de mai à juin 2022, le premier recensement des Togolais de l’extérieur et mis en place une base de données fiable et sécurisée sur la diaspora togolaise. Le Togo est l’un des rares pays à avoir entrepris une telle opération d’envergure.

2022 a été également l’année du renouvellement des membres du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE). Les 48 nouveaux délégués pays ont été formés et officiellement installés dans leurs fonctions lors du forum HCTE-REUSSITE DIASPORA qui s’est tenu à Lomé les 22 et 23 novembre dernier.

Je voudrais saisir cette occasion pour féliciter la diaspora qui entreprend et investit au Togo. Ils sont en effet très nombreux à porter plusieurs projets et affaires. La tâche n’est souvent pas aisée pour eux, nous en avons conscience. Je voudrais les rassurer du soutien et de l’écoute du gouvernement, à travers le Guichet diaspora qui leur est dédié.

Monsieur le ministre, on imagine que si la diplomatie togolaise enregistre une telle performance, c’est que vous disposez d’un personnel compétent sur lequel vous vous appuyez … ?

Le personnel du ministère des affaires étrangères est à l’image de la société : on y trouve des fonctionnaires excellents et des moins bons. Pour faire la mue de la diplomatie togolaise, nous avons compris qu’il faut à la fois travailler sur l’homme, le cadre et la méthode de travail. Travailler sur l’homme, c’est faire en sorte que le mérite des meilleurs soit reconnu et valorisé. C’est aussi donner à ceux qui sont moyens mais qui ont la volonté de se surpasser la chance et l’opportunité de s’améliorer tant sur le plan personnel que professionnel. C’est le sens de notre initiative du prix de l’excellence que nous avons institué.

Travailler sur le cadre, c’est améliorer les conditions de vie et de travail du diplomate togolais aussi bien à la centrale que dans nos missions diplomatiques et postes consulaires. Ce volet est un peu complexe car impliquant d’autres administrations mais nous y œuvrons.

Quant aux méthodes de travail, il a été nécessaire de renforcer les capacités managériales des cadres du ministère afin de les mettre en phase avec les outils modernes de la diplomatie. En complément des opportunités de stage à l’étranger que nous négocions et qui permettent la formation continue des diplomates à l’extérieur, nous avons organisé des ateliers de coaching et de mise à niveau.

Nous avons assez abusé de votre temps. Nous allons devoir conclure. Auriez-vous un mot de fin ?

Nous sommes en fin d’année. Je voudrais saisir cette occasion pour formuler à tous les Togolais mes vœux sincères de santé, de bonheur et de prospérité pour l’année 2023.

Je prie pour que Dieu accorde au Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, la bonne santé, la protection et la paix intérieure. J’étends ses vœux au Premier Ministre, Madame Victoire TOMEGAH-DOGBE et à l’ensemble du Gouvernement.

Aux membres du personnel du ministère des affaires étrangères, je souhaite une année 2023 faite de santé, de bonheur et de progrès dans leurs vies professionnels et personnelles. Enfin à vous hommes et femmes de la presse, recevez aussi mes vœux de santé et de prospérité pour cette nouvelle année.

Bonne année à tous !

Je vous remercie.




Togo : Installation des 48 nouveaux délégués-pays du HCTE

Les 48 nouveaux délégués-pays du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE) ont été officiellement installés ce mercredi 23 novembre à Lomé au cours d’une cérémonie présidée par le ministre togolais des affaires étrangères, de l’intégration africaine et des togolais de l’extérieur, Pr Robert Dussey.

C’est l’aboutissement du processus du renouvellement des membres du HCTE, lancé depuis le 18 juillet 2022. Elus le 3 octobre dernier à l’issue du scrutin en ligne, ces délégués-pays sont répartis pour le mandat 2023-2025 comme suit : 22 pour l’Afrique, 05 pour la zone Amérique-Caraïbes, 07 pour la zone Asie-Océanie et 14 pour l’Europe.

« L’objectivité, la rapidité, la confiance, voire la passion, seront autant d’atouts que vous développerez pour établir des réseaux de coopération fructueux à l’échelle de votre pays d’origine et de vos pays ou zones d’accueil », a souligné le ministre Dussey à l’endroit des délégués élus.

Il les a invités à développer une grande faculté d’adaptation, une qualité d’analyses et à veiller à la pertinence de leurs approches sur le plan de la contribution des Togolais de l’extérieur de votre zone à l’effort de développement du Togo en lien avec les projets-phares de la « Feuille de route des Togolais de l’extérieur » et les projets principaux de la « Feuille de route gouvernementale Togo 2025 ».

Avant leur installation, ces délégués-pays ont participé à un forum organisé ce 22 novembre à Lomé pour les outiller sur la mission et les responsabilités qui sont les leurs, afin de les accomplir avec efficacité, pour mieux répondre aux multiples attentes des togolais vivant à l’extérieur.

Il faut souligner que le scrutin ayant conduit à leur élection, avait été ouvert en ligne du 24 septembre au 03 octobre dernier, et a connu la participation de 144 659 électeurs sur un total de 157 188 inscrits, soit un taux de participation de 92,03 %.

Organe consultatif de statut associatif, non partisan, non discriminatoire et à but non lucratif, le Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur est un projet phare de la feuille route du gouvernement qui vise à créer un cadre permettant de mieux régir les relations entre le Togo et sa diaspora. Il s’agit d’une plateforme permanente d’échanges et d’initiatives en vue de créer une synergie d’action entre les Togolais de l’extérieur, leur Gouvernement et leurs concitoyens vivant au pays.

David




Diplomatie : Jocelyne Caballero en fin de mission au Togo

L’ambassadrice de France, Jocelyne Caballero est arrivé en fin de mission au Togo, après un peu plus de deux années passées dans le pays.

Un dîner a été organisé à cet effet en son honneur le week-end dernier en présence du ministre des affaires étrangères, Prof Robert Dussey.

« En fin de mission dans notre pays, je remercie Mme Jocelyne Caballero Ambassadrice de France au Togo pour toutes les actions menées au cours de son séjours… Vive l’amitié et la coopération entre le Togo et la France. Bon retour dans votre pays et succès dans vos nouvelles fonctions », a déclaré le Chef de la diplomatie togolaise, a indiqué le ministre Dussey sur son compte Twitter.

L’on retiendra que différentes réalisations ont été enregistrées au cours du mandat de Jocelyne Caballero au Togo dans plusieurs secteurs de développement à travers l’Agence française de développement (AFD).

David S.




77ème Session de l’Assemblée Générale de l’ONU : Déclaration du ministre Robert DUSSEY

Monsieur le Président de la 77ème session de l’Assemblée Générale des Nations Unies,

Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat, de Gouvernement et de Délégations, Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,

Mesdames et Messieurs,

Après des formats inédits de notre Assemblée Générale, suite aux contraintes liées à la pandémie au coronavirus, nous voici encore réunis sous le même toit pour débattre sereinement des problèmes qui bouleversent la vie de notre monde. L’objectif est de remettre en selle notre organisation commune sur ses valeurs et principes fondamentaux mis à rudes épreuves par des rivalités géopolitiques, les tentations de domination, des replis nationaux et des conflits.

Je voudrais donc me féliciter du thème choisi pour orienter le débat général de cette session : « Un moment décisif : des solutions transformatrices pour des défis imbriqués « .

Mais, avant de poursuivre mes propos, permettez-moi de vous adresser, Monsieur le Président, mes chaleureuses félicitations pour votre élection à la présidence de notre 77ème Assemblée Générale ainsi que nos vœux de succès. Je puis vous assurer du soutien de ma délégation.

Je veux également saluer l’action de votre prédécesseur pour le travail accompli dans un contexte assez difficile.

Je tiens à rendre aussi au nom du Président de la République Togolaise, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE un vibrant hommage au Secrétaire Général, Antonio GUTERRES pour ses différentes initiatives pour rendre davantage efficiente notre organisation.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Nous sommes soulagés aujourd’hui par des signes encourageants qui se dessinent après plusieurs mois de Covid-19 qui a bouleversé nos vies et fait subir à nos Etats des effets socio-économiques dévastateurs sans précédent.

Je voudrais à cet instant, avoir une pensée émue pour les victimes de la pandémie à travers le monde. Les décès causés par la Covid-19 ne doivent pas faire oublier les milliers d’autres victimes de la barbarie humaine, d’actes terroristes , de la pauvreté, des effets des changements climatiques, des drames des phénomènes migratoires ou tout simplement des citoyens anonymes qui ont payé de leur vie pour leurs idées et leurs opinions. Que dire, de nos casques bleus qui, dans l’exercice de leur mission de maintien de la paix, ont sacrifié leur vie. Je voudrais saluer ici leur bravoure et leur abnégation.

Monsieur le président,

Mesdames et messieurs,

Durant ses 77 ans années d’existence, l’ONU a œuvré sans relâche pour la prévention des conflits et le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Aujourd’hui, la menace qui pèse sur la paix s’est métamorphosée. Aux conflits interétatiques d’antan, ont succédé de nouvelles formes de violence impliquant des acteurs difficilement saisissables.

L’Afrique, entre-temps épargnée, est devenue le sanctuaire de groupes terroristes. La menace terroriste, longtemps confinée dans les pays du Sahel, s’étend vers les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest.

C’est pourquoi le Président de la République Togolaise, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE ne cesse de s’investir personnellement pour la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest et particulièrement dans le Sahel. Cette détermination a permis aujourd’hui au Président de la République en tant que médiateur dans la crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali d’obtenir la libération de 3 soldats ivoiriens sur les 46 restants. Je voudrais inviter toutes les parties à la retenue et à la patience afin de laisser aboutir la médiation.

Les récentes attaques terroristes ayant causé des victimes et occasionné des dégâts matériels importants dans le nord du Togo, témoignent des moyens de plus en plus sophistiqués qu’utilisent les djihadistes. Cette situation inquiète au plus haut point ma délégation. C’est pourquoi , elle se félicite de l’adoption consensuelle, le 29 juillet 2022, du rapport d’étape annuel du Groupe de Travail sur l’utilisation numérique dans le contexte de la sécurité internationale. Le Togo reste fermement déterminé à combattre et à bouter hors de ses frontières ces criminels. Sur ce plan, nous ne fléchirons jamais.

En vue d’apporter sa contribution à cet objectif impérieux, le Togo a abrité les 23 et 24 mars 2022, le premier Sommet panafricain sur la cybersécurité tenu à Lomé. La Déclaration de Lomé issue de ce Sommet est un engagement en faveur de la lutte contre les cybermenaces.

A cet égard, mon pays se félicite des travaux en cours au Comité spécial chargé d’élaborer une convention internationale générale sur la lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et de la communication à des fins criminelles et encourage toutes les parties prenantes à s’investir dans l’élaboration d’un tel instrument juridique.

Au-delà de la riposte militaire, nous avons pleinement conscience que la lutte contre le terrorisme se joue également sur le degré de confiance entre l’armée et les populations et également entre ces dernières et le Gouvernement. C’est pourquoi nous veillons quotidiennement à combattre les causes de l’expansion de l’extrémisme violent qui nourrit le terrorisme. Aussi le Togo a-t-il pris des mesures innovantes et multisectorielles contenues dans son document de stratégie de lutte contre l’extrémisme violent , adopté le 1 juillet 2022.

A cet effet, un programme d’urgence pour la région des savanes d’une enveloppe de neuf millions cent quatre mille sept cent quatre dollars (9 104 704 $) a été élaboré pour la réalisation de divers projets à l’horizon 2025, dans les secteurs de l’eau et de l’énergie, de la santé, des infrastructures, de l’éducation et de l’agriculture.

Nous sommes dans une nouvelle étape de cette guerre asymétrique contre cette nébuleuse terroriste. La détérioration de la situation sécuritaire doit nous préoccuper tous, au premier chef les Nations Unies. A cette fin, il importe de mener à bien la revitalisation de notre organisation et tout mettre en œuvre pour réformer son Conseil de Sécurité.

Je profite de cette tribune pour saluer le programme de protection des cibles vulnérables au terrorisme dont bénéficie mon pays le Togo en tant que pays pilote. Ce programme des Nations Unies visant à renforcer les capacités des Etats membres et à leur fournir un appui logistique pour la protection des cibles vulnérables face aux attaques terroristes, s’est révélé être d’une grande importance pour nos pays.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

L’autre défi majeur qui se présente à l’humanité est celui du changement climatique. Tous les rapports d’experts sur cette question sont inquiétants. Ce phénomène est d’autant plus préoccupant qu’il touche indistinctement tous les pays du monde, et malheureusement les pays moins pollueurs.

Le Togo a adopté une politique robuste pour la restauration du couvert végétal avec un ambitieux programme pour la transition verte.

En effet, le gouvernement togolais s’est résolument engagé à assurer une gestion durable des ressources naturelles et une résilience face aux effets des changements climatiques. Ainsi, pour une gestion et une protection durables, le gouvernement togolais a axé ses priorités, entre autres, sur l’amélioration des écosystèmes marins et côtiers, la règlementation de la pêche et la promotion de l’économie bleue.

Enfin, dans le cadre de la préservation et de la restauration des écosystèmes et la lutte contre la désertification, le Togo a lancé un important programme national de reboisement d ’un milliard d’arbres à l’horizon 2030, interdit l’importation, la commercialisation et l’utilisation du glyphosate et de tous produits le contenant ainsi que la promotion de l’utilisation des biopesticides et biofertilisants dans le pays.

Nous espérons vivement que la prochaine COP 27, qui se tiendra du 7 au 18 novembre 2022 à Sharm-El Cheik en Égypte, contribuera à remettre véritablement au centre des priorités internationales la préservation de l’environnement en incitant les parties prenantes à honorer les promesses de financements nécessaires pour faire face au réchauffement climatique.

Dans le domaine des énergies renouvelables, le Togo a noué des partenariats stratégiques pour la fourniture des services fiables modernes et à moindre coût en milieu rural. Ainsi, le fonds d’accès à l’électricité pour tous dénommé « fonds Tinga », le projet Cizo de fourniture des kits d’énergie solaire aux populations rurales et vulnérables, les centrales photovoltaïques, les mini centrales solaires et des lampadaires solaires ont été installés sur l’ensemble du territoire national, contribuant à la vulgarisation de l’énergie renouvelable au Togo.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Sur le plan économique et social, le Togo a adopté une feuille de route gouvernementale à l’horizon 2025 dont la vision est de faire du Togo une nation moderne avec une croissance inclusive et durable.

Cette feuille de route comporte 3 principaux axes à savoir, renforcer l’inclusion et l’harmonie sociale et garantir la paix, dynamiser la création d’emplois en s’appuyant sur les forces de l’économie et moderniser le pays en renforçant ses structures.

Les réformes du climat des affaires ont permis au Togo d’accroître de façon substantielle les investissements directs étrangers (IDE) dans le pays. De même, le renforcement de la coopération au développement a contribué à la mobilisation accrue des ressources extérieures compte tenu de la nouvelle dynamique insufflée par l’adoption de la feuille de route gouvernementale et son appropriation par les acteurs de développement, la création de nouveaux partenariats et la dynamisation des partenariats existants.

Le grand défi pour le Togo est de mettre en place et de renforcer son socle national de protection sociale. L’amélioration de l’accès des populations aux services sociaux de base et le renforcement des mécanismes d’inclusion restent également des fondamentaux pour la réduction de la pauvreté. Pour y parvenir, le gouvernement a intégré le principe de ne laisser personne de côté dans les politiques publiques.

C’est ainsi que d ’autres initiatives novatrices ont permis d’accélérer le processus d’inclusion de toutes les catégories sociales à l’instar de l’adoption de la loi instituant l’assurance maladie universelle et la plateforme numérique WEZOU mise en place depuis 2021 pour prendre en charge les femmes enceintes et les nouveaux nés en vue de réduire la mortalité maternelle et néonatale.

Le renforcement de la protection de la femme contre les discriminations et les violences basées sur le genre et l’atténuation d es pesanteurs socioculturelles ont amélioré considérablement les capacités contributives de la population féminine au développement du pays.

Le Togo s’est doté d’un mécanisme d’inclusion financière des couches les plus vulnérables de la population à travers les transferts monétaires. Il a été mis en place un projet de développement des filets sociaux et des services de base ainsi que le projet d’appui aux populations vulnérables (PAPV). En outre, un mécanisme incitatif de financement agricole fondé sur le partage des risques (MIFA) et un projet de structuration d’amélioration de la formation agricole rurale et insertion (SAFARI) ont été mis sur pied.

Monsieur le président,

Mesdames et messieurs,

Pour terminer mon propos, je voudrais inviter chacun à s’ interroger sur les fondements du multilatéralisme et les finalités poursuivies par les pères fondateurs en imaginant ce système de gouvernance mondiale. A l’occasion de la 75 session de notre Assemblée Générale, nous avons largement débattu de l’ONU que nous voulons et réaffirmé notre attachement au multilatéralisme.

L’importante Déclaration adoptée lors de la commémoration du 75 anniversaire des Nations Unies reflète à suffisance la nouvelle ambition multilatérale à laquelle nous avons souscrit et qui se veut plus juste et équitable, stable, moteur d’un développement et d’une croissance mondiale soutenue.

Aujourd’hui, nous sommes invités à des actions concrètes pour répondre aux nombreux défis qui fragilisent notre monde, entre autres, la pandémie à coronavirus, le terrorisme et les autres défis sécuritaires, ainsi que les questions liées aux changements climatiques.

Nous foulons bien trop souvent aux pieds nos engagements multilatéraux. Nous leur avons parfois enlevé toute leur essence, leur force et leur racine. Sinon comment comprendre que le Conseil de sécurité demeure encore aussi exclusif ? Pourquoi ne pas travailler de bonne foi à la réforme de cet organe important du système sécuritaire international en le rendant plus représentatif des réalités actuelles du monde ?

Mesdames et messieurs,

« L’Afrique ne veut plus s’aligner sur les grandes puissances quelles qu’elles soient » Le rôle assigné à l’Afrique en ce 21ème siècle est évocateur de l’image qu’ont encore certaines puissances de notre continent : leur zone d’influence. L’Afrique n’a pratiquement aucun impact sur l’ordre mondial actuel alors qu’elle subit très drastiquement les conséquences des perturbations de la société internationale. Elle ne revêt un intérêt aux yeux de certaines puissances que lorsqu’elles se retrouvent en difficulté. Il faut se préoccuper de la place que l’Afrique occupe sur la scène du monde. Aujourd’hui, l’Afrique n’occupe pas la place qu’elle devrait tenir sur la scène internationale.

Pour de nombreuses puissances, le continent africain n’a pas de rôle à jouer en tant qu’acteur « majeur » au sens kantien du terme sur la scène internationale. Elles pensent habiter le même monde alors que le monde a profondément changé. Quand les Nations Unies ont été créées en 1945, hormis le Libéria et l’Ethiopie, les pays d’Afrique n’étaient pas encore indépendants. Après 77 ans, c’est le même système international qui perdure du fait de la volonté des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité à savoir la Chine, les Etats-Unis, la Russie, la France et le Royaume Uni.

Bien que le projet d’intégration africaine soit toujours en chantier, un consensus s’était depuis dégagé entre les Etats africains au niveau de l’Union africaine rappelé lors de cette 77ème session par le Président Maky Sall, Président du Sénégal et Président de l’Union Africaine sur la nécessité pour le continent d’obtenir deux places de représentants permanents au sein du Conseil de sécurité, en plus des deux places de membres non permanents réservées aux Etats africains. Malgré ce consensus général des quasi 54 Etats membres, les réticences de certains membres du « P5 » à voir l’Afrique occupée cette place ne font aucun doute. La voix de l’Afrique ne semble malheureusement pas être entendue, car certains ne veulent tout simplement pas que l’Afrique soit un continent fort.

Les grandes puissances veulent réduire l’Afrique à une entité purement instrumentale au service de leurs causes et ne veulent visiblement pas que le continent puisse jouer un rôle important, voire un des rôles principaux dans le monde. Ils s’efforcent le plus souvent à amener les africains à adhérer à leur « narratif » et, in fine, les africains servent utilement à soutenir un camp contre un autre. Quand il s’agit de voter une résolution au Conseil de Sécurité, nous sommes activement sollicités d’un côté comme de l’autre. L’Afrique est alors très courtisée, voire même mise sous pression par certains de ses pays partenaires.

Ces états d’esprits et agissements qui relèvent d’une autre époque s’expriment dans un contexte historique où l’Afrique a pris conscience de sa responsabilité propre et parle de plus en plus d’une seule et même voix. Les fractures de l’époque coloniale entre une Afrique dite francophone, lusophone, arabophone et anglophone se sont amenuisées, tout comme les idéologies post-guerre froides qui ont dominé toute la deuxième partie du XXe siècle. Aujourd’hui l’Afrique veut être elle -même, elle est « Africanophone » si vous le permettez.

L’Afrique actuelle n’est plus celle des années 1945, encore moins des années 1960. Nous avons aujourd’hui en Afrique une multitude de nouveaux partenaires qui font partie intégrante de la nouvelle géopolitique internationale bien loin des deux blocs antagonistes qui ont structuré le monde d’après -guerre du XXe siècle. Le monde s’est décentré pour devenir multipolaire. Pour paraphraser Blaise Pascal, le monde est devenu un tout dont le centre est à la fois partout et nulle part. Et l’Afrique ne peut et ne veut plus être les wagons d’une seule et même locomotive.

Beaucoup de pays africains ne se sentent plus aujourd’hui trop liés – au sens d’embrigadement – par l’histoire coloniale et se montrent très enthousiastes à travailler avec de nouveaux partenaires. L’ensemble de ces changements liés à l’Histoire elle -même dont l’essence est d’être « perpétuel devenir », mais aussi à la volonté manifeste de changement de paradigme sur la scène de la coopération en Afrique devrait amener certaines puissances à un changement de logiciel si elles veulent continuer de travailler avec les africains. Il y a un défi de changement de mentalité et de comportement chez nos partenaires qui viennent chacun, sans exception, en Afrique, avec des agendas avant tout dictés par leurs propres intérêts.

L’Afrique attend à plus d’égalité, de respect, d’équité et de justice dans ses relations et partenariats avec le reste du monde, avec les grandes puissances quelles qu’elles soient. Aujourd’hui les africains veulent être de vrais partenaires du reste du monde.

Dans le concert des nations, il faut que l’Afrique soit écoutée pour que le dialogue ait un sens. Le déficit d’écoute pervertit le sens du dialogue qui se transforme en une juxtaposition de monologues et de raisons partiales, parfois sous le couvert d’un pseudo-multilatéralisme dont le danger réside dans la distorsion de la relation. Or, dans le monde qui est le nôtre, ce n’est qu’en mettant ensemble nos intelligences que nous pouvons nous mettre d’accord sur les objectifs à réaliser ensemble.

Bien que les problématiques essentielles de notre temps demeurent les mêmes, l’appréhension des mêmes problématiques diverge selon qu’on parle du Nord ou du Sud. Sur les grandes problématiques internationales, écouter les voix africaines ne peut pas être une simple variable d’ajustement. L’Afrique n’a pas certes les mêmes mégaphones comme les grandes puissances du monde, mais la voix de l’Afrique compte et doit compter si l’on veut avoir l’Afrique comme partenaire sur les grands sujets internationaux.

Au demeurant, l’Afrique attend un vrai partenariat et nos alliés doivent faire un effort pour accepter l’esprit d’un tel partenariat. Nos alliés ne peuvent pas à chaque fois attendre un soutien inconditionnel du continent. L’Afrique veut coopérer avec ses alliés sur la base de ses intérêts bien compris. Pour ce faire, nos partenaires doivent se défaire des imaginaires qui sont en grande partie forgés aux XIXe et XXe siècles et qui sont en dissonance manifeste avec le XXIe siècle, siècle où les défis nationaux ou régionaux ont des implications globales et les défis mondiaux des déclinaisons et ramifications régionales, nationales, voire locales. Les répercussions et les perturbations économiques actuelles à l’échelle internationale, résultats directs du retour de la guerre en Europe, constituent une belle illustration.

Nous sommes tous exposés aux mêmes menaces et défis qui mettent en jeu notre survie, voire notre existence.

Mais, j ’ai l’intime conviction que nous pouvons construire un monde prospère, plus stable et plus sûr pour nos populations à travers un multilatéralisme relevé et efficient. A cette fin, seul un choix s’offre à nous, celui de remettre, sous l’égide de Nations Unies, force et détermination dans notre capacité collective de dialogue, de résilience et de solidarité, susceptible de nous permettre de rendre à nouveau notre planète habitable pour tous et de construire ensemble et durablement le monde que nous avons en partage.

Nous devrions lire plus souvent nos textes fondateurs, apprendre à respecter et considérer les plus petits, les plus faibles et les plus fragiles. OUI, un autre monde est possible ! Nous y sommes tous condamnés car en vérité et, là, je me permets de paraphraser le célèbre savant Albert Einstein au sujet de la guerre « Je ne sais pas comment sera la troisième guerre mondiale, mais je sais qu’il n‘y aura plus beaucoup de monde pour voir la quatrième ».

Je vous remercie.