C’est sous une forte tension que se sont achevés jeudi à Lomé et dans certaines localités de l’intérieur du pays, les deux jours de manifestations de la coalition des 14 partis de l’opposition togolaise. Les militants et sympathisants de ces partis ont encore en effet battu le pavé pour exiger des réformes politiques avec comme revendications phare, le retour à la Constitution de 1992.
L’opposition se dit satisfaite de cette nouvelle semaine de manifestations qui a encore drainé des milliers de militants dans les rues (un peu plus de 15.000 de source officielle).
« La première conclusion est la forte mobilisation des togolais aussi bien à Lomé qu’à l’intérieur du pays, ce qui prouve leur détermination à l’adhésion franche à la plateforme politique que nous leur avons présenté en quatre points à savoir le retour à la Constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral, la remise aux normes des institutions de la République et la libération de tous les prisonniers politiques », a indiqué Antoine Folly, président de l’Union des Démocrates Socialistes du Togo (UDS-Togo), parti membre de la coalition.
Selon lui, le pouvoir de Faure Gnassingbé a eu la démonstration que les gens non seulement ne sont pas fatigués, mais sont de plus en plus déterminés à obtenir satisfaction aux revendications posées.
« Le régime en place parie sur l’essoufflement du mouvement. Mais il se trompe. Je compte sur vous. Que Dieu nous donne la force pour mener le combat jusqu’au bout. Ne nous décourageons pas », a lancé à la foule, le chef de file de l’opposition, Jean Pierre Fabre lors du meeting qui a sanctionné la marche de jeudi à Lomé.
Il faut signaler que contrairement à la marche de mercredi qui s’est globalement déroulée dans le calme, celle de ce jeudi qualifiée de « marche de la colère » organisée pour commémorer les évènements du 05 octobre 1990 au Togo, a créé une sorte de psychose dans plusieurs quartiers de la capitale Lomé où elle a été émaillée de violences.
Face à la presse en début de soirée, le ministre de la sécurité Colonel Yark Damehame qui avait à ses côtés, son collègue en charge de la communication Guy Madjé Lorenzo, a fait savoir que certains groupes de jeunes se sont organisés pour obliger les non-manifestants à rejoindre le mouvement.
Ces comportements, précise le Colonel Yark Damehame, ont été notés dans les quartiers Adidogomé, Totsi, Avédji-Limoisine, Hedzranawoe, le Grand Marché, Bè Château, Akodessawa et Rond-Point Port. Les forces de l’ordre et de sécurité ont fait usage des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.
Des barricades ont été également érigées dans plusieurs artères pour empêcher la circulation. Beaucoup de commerce ont par ailleurs fermé pendant une grande partie de la journée. En début de soirée, des foyers de tensions se sont également déclenchés notamment aux environs des quartiers Déckon et Amoutivé avec les manifestants qui ont dressé des barricades et brûlé des pneus. Ils ont été dispersés et repoussés par les forces de l’ordre.
Des incidents sont signalés également à Kpalimé où un jeune manifestant disposant d’un sac contenant une bouteille d’essence a été arrêté selon le ministre Yark. A Sokodé, ajoute-t-il, les manifestants ont été dispersés par les forces de l’ordre parce qu’ils ont tenté de déloger des élèves et d’occuper la route nationale n°1.
A en croire le chef de file de l’opposition, il n’y aura pas de lassitude, mais au contraire, les manifestations vont continuer.
Cris DADA