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Société/ Traite d’êtres humains : 72 % des victimes sont des femmes et des filles

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Image d’illustration (©senego)

Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, environ 72 % des victimes de la traite d’êtres humains sont des femmes et des filles, et le pourcentage d’enfants a plus que doublé entre 2004 et 2016. A l’occasion de la célébration ce 30 juillet, de l’édition 2019 de la journée mondiale de lutte contre la traite d’êtres humains, les Nations Unies tirent encore une fois la sonnette d’alarme contre ce phénomène considéré comme « un crime odieux » qui n’épargne aucune région du monde.

L’expression « traite d’êtres humains » désigne selon l’ONU, le fait de recruter, transporter, transférer, héberger ou accueillir une personne en ayant recours à la force, à la contrainte, à la tromperie ou à d’autres moyens, en vue de l’exploiter.

Dans un message publié à l’occasion de cette journée, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a indiqué que dans la majorité des cas signalés, les victimes sont destinées à l’exploitation sexuelle. « On compte aussi de nombreux cas de traite à des fins de travail forcé, de recrutement d’enfants soldats et d’autres formes d’exploitation et d’atteintes », a-t-il fait savoir.

Selon ses explications, ce sont les conflits armés, les déplacements, les changements climatiques, les catastrophes naturelles et la pauvreté qui exacerbent la vulnérabilité et le désespoir, permettant ainsi à la traite de prospérer.

Malgré des initiatives multilatérales qui ont permis de faire avancer les choses, notamment la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et son Protocole additionnel visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, M. Antonio Guterres note qu’ « il reste encore beaucoup à faire pour traduire en justice, les membres des réseaux de trafiquants transnationaux et, par-dessus tout, faire en sorte que les victimes soient recensées et puissent accéder à la protection et aux services dont elles ont besoin ». Ceci, conformément aux Objectifs de développement durable (ODD) qui visent à prévenir l’exploitation et les atteintes, à éliminer toutes les formes de violence faite aux femmes et aux filles et à supprimer le travail forcé et le travail des enfants.

A l’image d’autres pays de la sous région ouest africaine, le Togo n’est pas épargné par le phénomène, étant à la fois un pays d’origine, de transit et de destination des victimes de la traite des êtres humains.

Il faut souligner que le pays a ratifié depuis en 2004 le « Protocole des Nations unies visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants ». Par ailleurs, d’autres dispositions visant à renforcer la répression de cette forme de criminalité, sa prévention et la protection des victimes ont été également adoptées.

« Entre 2011 et 2013, au total 6938 enfants togolais ont été victimes de la traite transnationale », a indiqué la ministre togolaise de l’action sociale, Mme Tchabinandi Kolani Yentchare à l’occasion d’un atelier régional sur la protection des victimes de traite des êtres humains dans les pays du Golfe de Guinée.

« Ce phénomène est d’autant plus dangereux lorsqu’il s’agit d’enfants âgés entre 7 et 14 ans, généralement employés comme domestiques, portefaix, agriculteurs, vulcanisateurs, serveurs dans des bar-restaurants ou dans les mines d’extraction de sable, de concassage de gravier et dans bien d’autres métiers qui dépassent leurs capacités physiques mentales et intellectuelles », avait dénoncé la ministre Tchabinandi Kolani Yentchare. Selon elle, les initiatives basées sur des actions de terrain ont récemment permis le retrait et la réinsertion scolaire et socioprofessionnelle de plus de 11 000 enfants victimes de la traite ou du trafic d’être humains dont 6786 garçons et 4762 filles.

David SOKLOU